ALLOCUTION DU 6 NOVEMBRE 2021

Monsieur le Consul général, cher Patrick,

Mon divisionnaire,

Monsieur le Président de l’Union des Anciens Combattants Français,

Mesdames et messieurs les représentants des associations patriotiques,

Messieurs les porte-drapeaux,

Mesdames, Messieurs, Chers compatriotes,

Au lendemain de la rencontre de Rethondes, les survivants de la Grande Guerre s'écriaient

« Plus jamais ça ! ».

Force fut de constater, quelques vingt années plus tard, qu'ils n'avaient pas été entendus. Le temps s'égrenant, les témoins des horreurs du conflit le plus meurtrier de l'Histoire se sont finalement éteints.

Winston Churchill a dit « Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre ».

Il est maintenant de notre devoir ne pas oublier, de se souvenir...

Se souvenir, c'est honorer sans exception tous ceux qui ont souffert de cette terrible guerre : ceux qui se sont affrontés, les 8 millions et demi d'entre eux qui n'ont jamais revu les leurs, les 6 millions d'entre eux qui sont rentrés chez eux mutilés, blessés dans leur chair, ou simplement marqués à vie dans leur esprit et leur cœur, comme les victimes collatérales civiles fauchées par l'absurdité d'un conflit mondialisé aux limites incertaines ou condamnées à la douleur de vivre avec l'absence.

Le monument qui se trouve devant nous comprend les noms de soldats Français et de volontaires Suisses partis de Lausanne et morts sur le front entre 1914 et 1918.

Il nous rappelle également dans sa partie de droite les soldats Français et Belges internés pendant ce conflit et morts à Lausanne.

Enfin, ce monument commémore dans son ensemble à gauche la mémoire des soldats Français internés durant le conflit de 1870-71 et qui se sont éteints ici à Lausanne.

Je salue solennellement leur sacrifice.

Conflits armés, épidémies, tensions multiples, l’Histoire se rappelle à nous. En ces temps de crise, les référentiels de valeurs peuvent parfois vaciller. Certains se retranchent dans l'individualisme et l'indifférence, voire cultivent intolérance et sentiments nationalistes. Ces véritables plaies sociétales sont un terrain fertile pour les tensions et peut-être les guerres de demain. Souvenons-nous et œuvrons quotidiennement pour un Monde de paix.

Le Pr Albert Schweitzer a dit « Que chacun s’efforce dans le milieu où il se trouve de témoigner à d’autres une véritable humanité. C’est de cela que dépend l’avenir du monde ».

Posons chacun à notre façon ces briques qui bâtissent l’édifice d’une Europe fondée sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d'égalité et de solidarité.

Ces mêmes valeurs, pour lesquelles ceux dont nous honorons aujourd'hui la mémoire sont morts, constituent aujourd'hui le meilleur rempart à une répétition de l'Histoire, la meilleure garantie de pouvoir continuer à se souvenir.

Nous ne les oublions pas.

Je vous remercie.

Philippe Cerf, Premier Conseiller près l’Ambassade de France en Suisse, 6 novembre 2021